BOOSTER SA FERTILITÉ GRÂCE À LA NATUROPATHIE
Le projet de procréation est un événement marquant dans la vie d’un couple. Il devrait être au cœur de toutes les attentions dès que l’envie d’avoir un bébé se manifeste. La naturopathie, par son approche globale et naturelle, accompagne les couples à préparer leurs corps à la conception quel que soit le stade de ce projet.
Mettre l’alimentation au service de sa fertilité.
Des études insistent sur le fait qu’une alimentation équilibrée en période de préconception favorise la fertilité chez l’homme et chez la femme (*1). Méfiez-vous des régimes trop restrictifs en graisses. En effet, pour fabriquer les hormones stéroïdiennes dont les hormones sexuelles, le corps a besoin de cholestérol. Il sera d’abord transformé en prégnénolone (hormone mère) au sein des mitochondries (centrales énergétiques de la cellule) en association avec des hormones thyroïdiennes actives (T3) en quantité suffisante.
Le rôle des acides gras
Tout d’abord, la ration alimentaire doit comporter des acides gras de bonne qualité et notamment des acides gras polyinsaturés (omégas 3 ). Ils sont indispensables à la fluidité des membranes cellulaires et notamment de l’ovocyte qui doit être fécondé par le spermatozoïde. Les omégas 3 sous la forme EPA et DHA que l’on retrouve dans les petits poissons gras (maquereaux, sardines, harengs en naturopathie classique) doivent faire partie des apports alimentaires hebdomadaires. Les DHA seront très utiles pour le développement du système nerveux de l’enfant à venir.
Les omégas 3 d’origine végétale (acide alpha-linolénique) contenus dans certaines huiles (cameline, chanvre, colza selon la naturopathie classique) sont également intéressants. Cependant, ils suffisent rarement car ils nécessitent une conversion enzymatique pour arriver à la forme EPA et DHA. Or cette transformation fait défaut chez certaines personnes. Les omégas 6 (acide gamma-linolénique) que l’on retrouve dans l’huile d’onagre et l’huile de bourrache participent à la résolution des phénomènes inflammatoires tout comme les omégas 3. Or l’inflammation de bas grade est associée à l’hypofertilité (*2). En parallèle, les acides gras trans en excès issues de la transformation industrielle (chips, gâteaux industriels, plats préparés) seront à consommer avec modération.
Par ailleurs, une alimentation à faible index glycémique participe à un bon équilibre hormonal. En effet, trop de sucre entraîne un excès de production d’insuline. Des niveaux élevés d’insuline stimulent les ovaires à fabriquer des quantités élevées de testostérone (une hormone mâle), ce qui peut éventuellement entraîner une absence d’ovulation et un déséquilibre hormonal. Le mieux est de privilégier des glucides semi-complets ou complets. Exemple : grand épeautre non hybridé semi-complet ou complet chez Hildegarde et quinoa, millet, riz en naturopathie classique. Ainsi il convient d’adapter la quantité quotidienne aux besoins énergétiques de la journée.
L’importance des protéines
Enfin, une quantité suffisante de protéines est nécessaire pour une fertilité optimale. Le corps ne stocke par les protéines et les constituants de ces dernières. Les acides aminés sont les briques de construction des nouvelles cellules et sont nécessaires à la production hormonale. Elles permettent aussi de ralentir l’absorption des sucres en association avec des fibres et des bonnes graisses et augmentent la sensation de satiété. Il est nécessaire d’en apporter à chaque repas en variant les sources : viande, poisson, œufs, oléagineux, graines, légumineuses (pois chiche, haricots rouges).
Les antioxydants présents dans les fruits et les légumes colorés permettent de protéger les gamètes des radicaux libres pour éviter que le matériel génétique ne soit endommagé. Le zinc (viande, poisson et céréales complètes), le sélénium (noix du Brésil), les vitamines A, C et E participent aussi à lutter contre le stress oxydatif. Bien entendu, l’arrêt des sources importantes de radicaux libre (tabac, alcool) est fortement encouragé en parallèle.
Attention à la balance énergétique ! En cas de stress important : le sport intensif, restriction calorique induisent un déficit énergétique. La commande centrale hypothalamo-hypophysaire au niveau du cerveau mettra en pause le système reproducteur dans une optique de protection. La reproduction n’est pas la priorité en cas de crise ! L’ovulation peut s’arrêter. Rappelons-nous que Hildegarde de Bingen prône la “juste mesure en tout”.
Favoriser les processus épigénétiques chez l’homme et chez la femme
Les mécanismes épigénétiques permettent à un même ADN d’être employé différemment d’une cellule à une autre. Ils ne changent pas les gènes, mais sont capables de les rendre silencieux, ou de les activer, c’est-à-dire de les rendre accessibles au processus permettant leur lecture.
Selon l’Inserm les processus épigénétiques interviennent dans la régulation de nombreux processus. C’est le cas de la division et la différenciation cellulaire. Le processus épigénétique démarre dès la fabrication des gamètes chez les futurs parents et se poursuit tout au long de la vie.
L’alimentation, l’activité physique, le sommeil, le stress, les perturbateurs endocriniens influencent l’épigénétique. Pour que les processus épigénétiques se déroulent dans les meilleures conditions, les vitamines B2, B6, B9 Quatrefolic, B12, le zinc et la bétaïne sont nécessaires dans une alimentation équilibrée en préconception.
Prendre soin de la fonction digestive
Bien digérer et bien assimiler est essentiel pour être sûr d’apporter les micronutriments au corps et optimiser la fertilité. Pensez à faire le point sur d’éventuelles intolérances alimentaires susceptibles de perturber la fonction digestive et à identifier les éventuelles carences et surcharges à l’origine de la perturbation de la flore intestinale. Des études portent actuellement sur l’« estrobolome » qui est le nom donné à un ensemble de bactéries de l’intestin qui ont une action sur le métabolisme des œstrogènes (*4). Une partie des œstrogènes est éliminée via l’urine ou les selles après avoir été désactivée par le foie grâce à un processus appelé « glucurono-conjugaison » . Un processus inverse, la « déconjugaison », va pouvoir réactiver les œstrogènes excrétés par la bile. Ils deviendront alors des « œstrogènes libres » (la forme la plus active des œstrogènes) et pourront être absorbés par le tractus digestif pour être remis en circulation dans l’organisme.
Chouchouter son microbiote
Le microbiote a besoin d’une quantité suffisante de fibres alimentaires pour être en équilibre. En naturopathie classique, les aliments lactofermentés : légumes lactofermentés, miso, tempeh, kéfir, renforcent la flore intestinale tout comme une alimentation suffisamment riche en légumes et en fruits sont bénéfiques à la flore intestinale, contrairement aux excès de sucre, de graisses saturées, de produits industriels et transformés.
N’oubliez pas que les aliments mal digérés altèrent aussi le microbiote. Pour une meilleure assimilation, Hildegarde de Bingen vante les mérites du pyrèthre d’Afrique, une épice que l’on appelle aussi la “salivaire” ! Deux à trois pincées par jour à mêler à la nourriture suffisent pour cet usage. D’autre part, plusieurs études (*5) ont prouvé que le Pyrèthre d’Afrique possède des effets positifs sur plusieurs hormones dont la LH, la FSH et la testostérone chez l’homme participant ainsi à l’amélioration de la fertilité masculine.
Apprivoiser le stress chronique, ennemi de l’équilibre hormonal
Si le stress aigu est nécessaire, méfiez-vous du stress chronique qui nécessite un surplus de production d’une hormone : le cortisol. Cette augmentation de fabrication de cortisol se fait au détriment de la progestérone, hormone de la gestation. C’est ce qu’on appelle le vol de la prégnénolone au détriment de la progestérone. Cela nous mène vers un déséquilibre hormonal et une éventuelle problématique d’implantation de l’embryon dans la cavité utérine. Des temps de pause dans la journée, les techniques de relaxation et de respiration et une meilleure gestion du stress sont nécessaires à l’équilibre hormonal. Certaines huiles essentielles en olfaction (exemples : HE de petit grain bigarade, Citrus aurantium ssp amara, feuilles ouzeste de mandarine, Citrus reticulata). Des plantes calmantes du système nerveux (exemples : lavande, Lavandula angustifolia ou mélisse, Melissa officinalis) peuvent également aider dans certaines périodes de stress intense en première intention.
Se protéger des perturbateurs endocriniens et des substances reprotoxiques
Invisibles à l’œil nu et pourtant omniprésentes, les substances reprotoxiques perturbent le fonctionnement normal del’organisme et particulièrement le système hormonal et la fonction reproductrice de l’homme et de la femme.
Certaines molécules prennent la place de nos hormones sur leurs récepteurs dont elles miment ou bloquent les effets. Ainsi, afin de réduire vos sources d’exposition et de préserver votre fertilité, voici quelques gestes à intégrer dans votre quotidien :
- Consommer une alimentation biologique
- Acquérir du mobilier et des vêtements d’occasion (qui auront déjà rejeté une partie de leurs polluants)
- Acheter des produits cosmétiques et d’entretien les plus naturels possibles et
- Aérer votre maison tous les jours pour renouveler l’air intérieur qui est pollué.
Il est toujours intéressant de soutenir les fonctions d’élimination de l’organisme. Ainsi, pour assainir son terrain avant le projet de conception, on prendra soin de son foie. Cela favorisera l’élimination des hormones du cycle qui ont été utilisées. Par exemple, le chardon marie (Silybum marianum, graines) et le pissenlit (Taraxacum officinale, racine) favorisent la détoxication hépatique en parallèle d’un apport nutritionnel de qualité (riche en vitamines, minéraux et antioxydants). Hildegarde nous conseille la boisson de scolopendre pour soutenir le fonctionnement hépatique.
Je rappelle également aux couples qui viennent me voir en rdv que la gamétogenèse dure environ 3 mois et que les effets des changements d’habitudes alimentaires et de mode de vie ne sont pas toujours immédiats.
Idéalement, je recommande aux couples en désir d’enfant de se laisser 3 à 6 mois avant la conception pour optimiser leur fertilité et de ne pas attendre d’avoir d’éventuelles difficultés à concevoir.
S’intéresser à la fertilité implique de veiller à un fonctionnement global optimal de l’organisme. Les bonnes habitudes prises en période de préconception profiteront à la maman pendant la grossesse et au bébé pour son bon développement !
Bérénice Corre, naturopathe et réflexologue
Formatrice au sein de l’institut
https://www.naturopathe-berenice-corre.fr
Sources :
(*1) Panth N et al. The influence of Diet on Fertility and the Implications for Public Health Nutrition in the United States. Front Public Health Nutrition. 2018.
(*2) Gerson Weiss , MD, Laura T. Goldsmith , PhD, Robert N. Taylor , MD, PhD, Dominique Bellet , MD, et Hugh S. Taylor , MD. Inflammation dans les troubles de la reproduction.
Pubmed. 2009.
(*3) Panagiotis Anagnostis , Spyridon Karras , Dimitrios G. GoulisLa vitamine D dans la reproduction humaine : une revue narrative. Pubmed. 2013
(*4) Marie E Salliss, Leslie V Farland, Nichole D. Mahnert, Melissa M Herbst-Kralovetz, le rôle du microbioteintestinal et génital et de l’estrobolome dans l’endométriose, l’infertilité et les douleurs pelviennes chroniques. Pubmed, décembre 2021.
Aiyyah Siddiqui, Zinb Makhlouf, Ahmad M Alharbi, Hassan Alfahemi, Naveed Ahmed Khan, le microbiote intestinale et la santé féminine, Pubmed, novembre 2022.
*(5) Vikas Sharma, Jente Boonen, Bart De Spiegeleer et V. K. Dixit, Androgenic and
spermatogenic activity of alkylamide-rich ethanol solution extract of Anacyclus pyrethrum DC , Phytotherapy research: PTR, vol. 27, no 1, janvier 2013, p. 99–106