L’apithérapie en pratique
Depuis de nombreuses années, les produits de la ruche font l’objet de nombreuses études en raison de leurs nombreuses propriétés nutritionnelles et thérapeutiques. Le champ d’application potentiel des produits de la ruche est immense. En effet, il couvre les affections liées aux plaies et infections externes en usage topique, les affections inflammatoires ou les maladies chroniques, neurodégénératives en usage systémique et même, les tumeurs en soins de support.
1. Le Miel
Le miel est un produit courant utilisé dans toutes les familles pour calmer les maux de gorge (grog). Cependant, les travaux du regretté Pr Descottes ont démontré sa remarquable efficacité dans la cicatrisation des plaies. Aujourd’hui, les recherches scientifiques lui attribuent des propriétés antioxydantes, anti-infectieuses à large spectre, immuno-modulantes, anti-inflammatoires, anticancéreuses… Malgré sa richesse en glucides, le miel est un aliment qui convient aux diabétiques : son index glucidique est très inférieur à celui du glucose et il contient des fibres qui ralentissent l’absorption intestinale du glucose.
Toujours au niveau digestif, il améliore les symptômes lésionnels du syndrome métabolique : sa consommation réduit les taux de lipides et de cholestérol LDL et total dont il diminue l’absorption intestinale. De plus, elle produit un effet hypotenseur. Par ailleurs, le miel est indiqué dans la stéatose hépatique non alcoolique et plus largement, dans toutes les atteintes hépatiques (hépatites virales ou toxiques, cirrhose).
Le miel est couramment utilisé pour cicatriser les plaies, que ce soit en milieu institutionnel (CHU, certains EHPAD) ou en pratique familiale. Il permet de refermer les escarres dont il améliore la perfusion tout en contrôlant les développements microbiens. Un miel thérapeutique non chauffé produit de l’eau oxygénée par réaction enzymatique, ce qui assure la détersion de la plaie. Son pouvoir osmotique assure le nettoyage en profondeur de la plaie sans besoin du geste infirmier.
2. La propolis
Malgré l’éventail très large de ses propriétés thérapeutiques et malgré les études abondantes qui y sont consacrées dans les revues scientifiques, la propolis demeure encore trop peu utilisée en médecine familiale et intégrative en Europe, et plus particulièrement en France. Certes, les variations de sa composition selon son origine botanique et géographique compliquent son utilisation thérapeutique et par ailleurs, les propriétés d’un extrait sont largement conditionnées par la maîtrise des techniques de transformation, des formes galéniques et de contrôles de qualité́ rigoureux. Mais il serait difficile de citer une affection courante pour laquelle la propolis n’est pas indiquée.
Tout d’abord, elle présente des propriétés anti-infectieuses à large spectre (y compris sur les biofilms multi-résistants), anti-inflammatoires puissantes et antioxydantes (MICI, maladies neurodégénératives), immuno-modulantes (maladies auto-immunes), antidiabétiques, anti-hypertensives, hypoglycémiantes, hypocholestérolémiantes, hypolipidémiantes qui l’indiquent dans la prise en charge du syndrome métabolique. Son activité cytotoxique sélective peut être mise à profit pour la chémoprévention des cancers Pour leur traitement, elle potentialise l’efficacité des traitements chimio et radiothérapeutiques, mais aussi des hormonothérapies (inhibiteurs de l’aromatase dans les cancers du sein ou de la prostate). Son activité néphro, cardio, neuro et hépatoprotectrice réduit considérablement la toxicité des traitements sans affecter leur efficacité. Elle restaure l’apoptose des cellules cancéreuses, induit l’arrêt de leur cycle cellulaire. Elle inhibe les mécanismes de chimiorésistance et altère le micro-environnement tumoral. Bref, elle est indispensable en soins de support pour l’accompagnement des traitements anticancéreux.
3. Le pollen
Le pollen récolté par les abeilles sur les fleurs est la source de protéines de la ruche. En effet, il est transformé par les nourrices en gelée royale qui est la nourriture exclusive de la reine. Il s’ensuit que ces deux produits ont des compositions assez similaires, avec une grande richesse en vitamines, minéraux, polyphénols, caroténoïdes mais aussi macronutriments (protéines, lipides et glucides). Le pollen est un excellent aliment pour le système digestif, à la fois pro et prébiotique. Sa consommation stimule la production par le microbiote d’acides gras à chaine courte (butyrate, propionate) qui régulent les flores microbiennes et inhibent la prolifération des cellules de cancer du côlon. De même, sa prise réduit les taux plasmatiques de cholestérol LDL et total, de lipides et de glucides. De ce fait, il est donc indiqué pour toutes les affections métaboliques. Sa puissante activité antioxydante (en particulier, saule, châtaignier) en fait un excellent protecteur du système cardiovasculaire.
4. La gelée Royale
La gelée royale résulte de la modification de cette matière première par les enzymes des nourrices. En effet, elle présente des propriétés antioxydantes et immuno-modulatrices qui lui confèrent une activité importante dans les maladies neurodégénératives. Par ailleurs, sa richesse en vitamine B et en acétylcholine l’indique dans l’accompagnement de la maladie d’Alzheimer et des troubles cognitifs de la vieillesse. Des tests de mémoire en attestent. Cependant, elle est contre-indiquée en cas de pathologies cancéreuses et présentent des interactions avec les anticoagulants auxquels on prendra soin de ne pas l’associer.
5. Le venin d’abeilles
Enfin, le venin d’abeilles est utilisé en Chine mais son utilisation thérapeutique en France est strictement interdite. Cela n’empêche pas la recherche de s’intéresser à ses propriétés anti-inflammatoires et immuno-modulantes, ainsi qu’à son excellente activité antitumorale.
Article écrit par Dr Lilian Ceballos, pharmacologue, professeur apithérapie à l’Institut Hildegardien
Bibliographie :
Pr Joyeux H & Dr Ceballos L. 2024c. « Les six secrets des abeilles en médecine intégrative et familiale ». Éditions du Rocher.
